Suite et fin de notre top annuel. Bonne lecture, et je vous avoue que je me sens libéré d'un poids énorme. 2012 peut enfin commencer.
20 LV & Joshua Idehen : Routes
Damu : Unity
Salva : Complex Housing
FaltyDL : You Stand Uncertain
Zomby : Dedication




19 Robag Wruhme : Thora Vukk
Roman Flügel : Fatty Folders
Dominik Eulberg : Diorama



18 Destroyer : Kaputt
Dan Bejar est un grand songwriter depuis longtemps, seulement ça se savait moins. Pour les plus au fait des précédents travaux de Destroyer, Kaputt n'est qu'un disque de plus, un autre brillant essai pop aux arrangements audacieux. Pour les autres, Kaputt fait sensation, c'est un merveilleux disque de soft-pop au décorum faussement kitsch et réellement bouleversant. J'irais pas crier au génie comme si je découvrais le bonhomme, mais je félicite en tout cas sa régularité et me réjouis d'un affichage enfin à la mesure de son talent.
17 Paolo Fresu, A Filetta Corsican Voices, D. Di Bonaventura : Mistico Meditteraneao
Nils Okland & Sigbjorn Apeland : Lysoen - Hommage a Ole Bull
Dino Saluzzi : Navidad de los Andes



16 Giles Corey : s/t
Certains se souviennent d'Have a Nice Life, groupe sorti de nulle part qui, en 2009, avait fait gronder l'underground rock avec Deathconsciousness, un double-album d'une noirceur et d'une ambition rarement vue. Dan Barret nous est revenu l'an dernier avec Giles Corey, un projet d'une intimité troublante, liant détresse biographique (une tentative de suicide ratée) et questionnement métaphysique (la chasse aux sorcières et la perspective de l'au-delà). Le disque est un disque folk, tourmenté et épique, tellement chargé émotionnellement qu'il en devient suffocant. Douloureux mais indispensable.
15 Lil B : I'm gay
Clams Casino : Instrumentals
ASAP Rocky : LiveLoveA$AP
Clams Casino : Instrumentals
ASAP Rocky : LiveLoveA$AP



14 Chris Watson : El Tren Fantasma
On aurait presque oublié que Chris Watson est un des membres fondateurs de Cabaret Voltaire. Compréhensible, cela dit, puisque sa carrière solo n'a rien à voir avec la cold-wave et que, il faut bien dire, elle est immense. Chris Watson n'est rien d'autre que le plus grand acteur actuel du field recordings. Après Weather Report, en 2003, qui est un sommet absolu en terme d'enregistrement naturel, son nouveau travail s'attaque plus directement à l'histoire des hommes. El Tren Fantasma retrace le dernier voyage d'une ligne mexicaine qui parcourt le pays d'Ouest en Est, de Los Mochis à Vera Cruz. Watson capte tous les sons de ce voyage : le bruissement de la nature, le bruissement des hommes et la mécanique ferroviaire. Un triangle parfaitement agencé qui donne à cette expérience un pouvoir évocatif assez stupéfiant.
13 John Maus : We Must Become The Pitiless Censors of Ourselves
Dumbo Gets Mad : Elephants at the Door
Dumbo Gets Mad : Elephants at the Door

12 Roly Porter : Aftertime
Pinch & Shackleton : s/t
Ricardo Villalobos & Max Loderbauer : Re: ECM
Pinch & Shackleton : s/t
Ricardo Villalobos & Max Loderbauer : Re: ECM



11 The Weeknd : House of Balloons
Frank Ocean : Nostalgia, ULTRA.
Jamie Woon : Mirrorwriting
Frank Ocean : Nostalgia, ULTRA.
Jamie Woon : Mirrorwriting



10 Machinedrum : Room(s)
Kuedo : Severant
Africa Hitech : 93 Millions Miles



9 Kendrick Lamar : Section 80
Tyler, The Creator : Goblin
DJ Quik : The Book of David



8 Kangding Ray : Or
En 2011, un seul disque IDM, glitch, electronic qui rend caduque tous les autres. « Or », du Français exilé à Berlin Kangding Ray, est un monument électronique d'une violence contenue et d'une aridité assommante. Étriquées et répétitives, les compositions de Or ont quelque chose de martial, de directement branché sur la techno d'Osgut Ton et du Berghain. Mais il est aussi question de lenteur et de mélodies secrètes, de rêveries industrielles aussi glaçantes que fascinantes. Du coup, c'est la première fois de ce classement que je me permets de parler de chef d'œuvre. Tenez-en compte.
7 Arrington de Dionyso’s Malaikat Dan Singa : Suara Naga
Alvarius B : Baroque Primitiva


6 Tim Hecker : Ravedeath 1972
Vous l'aurez peut-être noté. Par rapport à l'amour que je porte pour ce genre, très peu de disques ambient ont trouvé leur place dans mon classement. Pourtant j'en ai écouté des brouettes, mais aucun ne valait d'être « rajouté » à ce seul Ravedeath 1972 qui est une sorte de firmament de la discipline. Expérimental et conceptuel et en même temps grandiose et solennel, Ravedeath 1972 est un disque ambient « concentré », qui réunit toutes les qualités possibles de cette musique en évitant toutes ses dérives – les transcendances faciles et les délires de longueurs de musiciens usurpateurs. Tim Hecker apparaît même avoir encore franchi encore un cap sur cet album, lui qui possède déjà un CV gigantesque. Ce Ravedeath 1972 est peut-être son disque le plus beau et cristallin, et ce n'est pas un mince exploit.

J'aurais pu à un moment donné de mon classement réunir plein de disques techno qui tous auraient tous relevé de cette pensée dominante industrielle, avec des penchants pour l'IDM plus présents que jamais. J'aurais cité Lucy, Tommy Four Seven, Black Dog, Surgeon, Xhin, Tobias, Planetary Assault Systems, Mike Dehnert, tous ayant sortis des LP convaincants mais s'éliminant les uns les autres par trop de proximités. J'aurais pu aussi citer l'album deep-techno de Sandwell District, qui lui aurait bouleversé pour de bon mon top 3, mais j'ai considéré qu'il s'agissait d'un disque de 2010 puisqu'il était sorti pour la première fois en vinyle cette année-là. J'aurais enfin pu classer Morphosis, le véritable OVNI techno de 2011, mais en fin de compte, sa techno expérimentale rongée au space-jazz ne me plaît pas beaucoup. On pourrait donc croire que je mets Andy Stott aussi haut par défaut. Mais même pas. En fait Andy Stott est une surprise de taille considérable. Lui qui a toujours été pour moi un outsider deep techno – appliqué et sérieux mais sans génie –, le voilà qui, après avoir récité ses gammes tant d'années, passe à l'attaque avec deux gros EP ou mini LP absolument démentiels. Le geste artistique est radical : ralentissement drastique du tempo, éventration du corpus dub-techno pour n'en garder que des résidus éparses, le tout en faisant surgir une espèce de bestialité nouvelle et terrifiante. De paisible ouvrier, Andy Stott est devenu un chef de file de la techno exploratoire. Inattendu et excitant pour l'avenir
5 Dj Diamond : Flight Muzik
La juke, nous en parlions un peu plus bas avec Machinedrum, Kuedo et Africa Hitech : il s'agissait alors de voir comment la juke avait infiltré des musiques qui il y a encore un an, n'avaient jamais entendu parler de cette scène. Mais nous ne pouvions pas faire l'impasse sur la vrai juke, l'authentique. Et Dj Diamond est notre élu. Son album sorti chez Planet Mu est un espèce de truc informe faisant passer la guetto music pour un vaste délire dadaïste. Hideux et poussif à certains moments, révolutionnaire et exaltant à d'autres, Flight Muzik est un objet bizarre et essentiel, sans foi ni loi, qui avance à l'aveugle sur des terrains que, franchement, je n'aurais jamais osé imaginer.
4 Andy Stott : Passed Me By
Andy Stott : We Stay Together


3 The Caretaker : An Empty Bliss Beyond This World
Oneohtrix Point Never : Replica
Oneohtrix Point Never : Replica


2 Colin Stetson : New History Warfare Vol.2 : Judges
Matana Roberts : Coin Coin Chapter One : Gens de Couleur Libre
Matana Roberts : Coin Coin Chapter One : Gens de Couleur Libre


1 Michael Pisaro : Asleep, Street, Pipes, Tones
Michael Pisaro : Close Constellations And A Drum On The Ground
Michael Pisaro : Hearing Metal 2 & 3




La musique de Michael Pisaro est toujours sinusoïdale. Elle monte, atteint un pic, redescend, s'enfonce dans le silence, puis revient, et remonte, et redescend, redevient silence et ainsi de suite. Ces oscillations sont également évolutives, l'oscillation T est toujours différente de T+1, elle-même différente de T+2. Ce qui fait qu'au-delà de cette structure élémentaire sinusoïdale, il y a une superstructure, dont la forme se dessine tout au long de morceaux d'en moyenne 40 minutes. D'où cette équilibre ténu entre une musique qui semble au premier abord immobile et qui pourtant, se déplace. À la manière du mouvement des glaciers, les compositions de Pisaro bougent, et elles bougent en se chargeant d'une tension impressionnante, d'une puissance émotionnelle complètement inattendue.
Si le cœur des morceaux est électroacoustique, Pisaro fait aussi appel à des field recordings et à des séquences de musique sacrée. Ce qui crée des sortes de diffractions : musique morte couverte de sons naturels et musique technologique liturgique. Il est donc évident qu'aussi conceptuelle que paraisse cette musique, elle est également porteuse d'une vraie valeur sensorielle et affective. Et cette multiplicité d'intérêts a rendu claire cette première place, car en plus d'être stimulantes à l'infini, ces compositions de Pisaro ont aussi fait naître chez moi des émotions inédites et extraordinairement précieuses.
3 commentaires:
écoute les deux vinyls du groupe willamette. c'est tout simplement magnifique.
un top album loin d'être consensuel avec beaucoup de choses à découvrir pour moi, et le plaisir de retrouver des disque que j'ai beaucoup aimés en 2011 (Zomby, Dumbo Gets Mad, Kuedo, Oneohtrix Point Never...)
ça fait plaisir de découvrir des choses dans un top de fin d'année, c'est de plus en plus rare. bien ouèj les mecs.
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